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Être intervenante pédagogique en Haïti

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« Mon enfant a un problème d’attention,
il ne peut pas se concentrer. Du coup, il ne
comprend pas ce qu’on fait en classe »

« À son âge, il n’a pas encore acquis
cette habileté, cela m’inquiète »

Nous entendons fort souvent ces propos de parents inquiets, désemparés, car leur enfant est différent des autres. Certains d’entre eux ont même un diagnostic d’un TDA/H ou d’un trouble d’apprentissage.

Dès lors, plusieurs questions leur viennent à l’esprit : que faire après avoir reçu un tel diagnostic? À quels professionnels s’adresser? Comment peut-on aider l’enfant à évoluer positivement dans son processus d’apprentissage?

Comme tout défi au niveau cognitif, les troubles de l’apprentissage nécessitent une thérapie précise. Une prise en charge particulièrement complexe et surtout plus intégrale qui se dessine en trois étapes : la psychothérapie — travaillant le côté émotionnel et relationnel -, le suivi pédagogique et le recours à l’aide médicale.

À chaque étape, intervient un professionnel particulier. La première nécessitant l’intervention d’un psychothérapeute, la deuxième, celle d’une intervenante pédagogique et la troisième, celle d’un psychiatre ou d’un neurologue.

De ces trois professionnels, le domaine d’intervention pédagogique est peu connu en Haïti alors que les besoins en matière d’accompagnement et de suivi pédagogique pour les sujets en difficulté sont grands et même urgents.

Voulant contribuer à la vulgarisation de ce domaine, notre propos se portera sur la prise en charge pédagogique.

Le travail de l’intervenante pédagogique consiste à apporter une aide individualisée aux enfants ayant un TDA/H ou un TA en leur offrant des programmes adaptés capables de pallier à leurs difficultés. En utilisant de nombreuses stratégies, ces professionnels veillent à ce que la rééducation des habiletés non acquises soit faite et que l’enfant acquière de l’autonomie.

En Haïti, vu les préjugés liés aux troubles, le travail de l’intervenante pédagogique est loin d’être aisé. Nous en faisons l’expérience tous les jours. En effet, en arrivant dans notre bureau, les enfants ont souvent une faible estime de soi, un manque de confiance en leurs capacités, conséquence fâcheuse de la manière dont on les perçoit.

Aussi, faut-il souligner que ce travail requiert une formation en psychologie ou en éducation spécialisée, mais aussi des aptitudes personnelles.

Être intervenante pédagogique en Haïti, c’est être empathique : c’est essayer de comprendre le vécu quotidien et les frustrations de chaque enfant, comprendre qu’une journée difficile à l’école peut influencer défavorablement la motivation de l’enfant lors d’une séance de travail.

C’est aussi être capable d’apporter du soutien nécessaire quand les ressources de l’enfant sont insuffisantes, l’encadrer, le motiver tout en respectant sa singularité. C’est aussi être patient, cela implique le respect du rythme de chaque enfant.

Être intervenante pédagogique en Haïti, c’est une façon de dire « non » aux multiples discriminations que subissent nos enfants vivant avec un TDA/H ou un TA, c’est aussi un message symbolique disant que ces enfants ont un potentiel intellectuel qui doit être développé et nous sommes parmi ceux qui croient que la différence ne peut être en aucun cas source de raillerie, d’avanie et de marginalisation.

En Haïti, être intervenante pédagogique c’est militer pour inciter les pouvoirs publics à mettre en place des plans d’action pour une meilleure prise en charge. En effet, l’influence de l’État est quasiment absente, il n’existe aucun texte de loi sur la prise en charge des troubles ni sur la reconnaissance des droits des sujets atteints.

Alors, il est important que les parents, les enseignants et les professionnels puissent travailler en étroite collaboration facilitant ainsi la circulation des informations les plus précises possible sur la vie et les défis des enfants afin qu’ils puissent profiter au maximum des services et progresser au mieux.

Darline Medna

Intervenante pédagogique, La Ressource

Vivre avec un trouble d’apprentissage en Haïti

La Ressource- Troubles d'apprentissage

Je me rappelle comme si c’était hier du moment où j’ai pris la décision de retourner vivre ici après 8 ans au Canada. Je me souviens de l’enthousiasme, de la peur du changement, de ma conviction, mais ce dont je me rappelle le plus c’est la réaction des gens. 

Ma famille m’a procuré un support inconditionnel, mais c’est plutôt les autres qui n’arrêtaient pas de me demander : « pourquoi? », « qu’est-ce que tu vas faire? », « dans le domaine de l’éducation, comment vas-tu t’y prendre? », etc. De plus, lorsque je mentionnais que ma spécialité était dans les troubles d’apprentissage et les troubles d’attention, ils avaient l’air encore plus perplexes.

Dès mon arrivée, j’ai tout de suite compris pourquoi ces gens réagissaient de la sorte. J’ai mené une étude du marché, j’ai rencontré plusieurs directeurs d’écoles, des enseignants et des professionnels de toute sorte (médecins, psychologues, etc.) et la réaction de ces derniers était toujours la même : on en a besoin! Cependant, à quel prix?

Malgré cette inquiétude liée au coût des services que témoignaient plusieurs, nous devons tout de même admettre que l’accueil reçu par La Ressource dès l’inauguration a été prompt et chaleureux. En effet, nous avons été accueillis à bras ouverts par des directeurs de plusieurs écoles, des professeurs, des professionnels de domaines connexes, mais surtout par les parents. Ces derniers se présentaient à La Ressource, anxieux, désemparés et très souvent en larmes. Ce n’était pas seulement parce que leur enfant – soit leur bien le plus cher – nécessitait d’un encadrement et d’un suivi plus spécialisés, mais c’était aussi et surtout à cause de ces mots blessants et de cette injustice criante auxquels font face chaque jour leurs enfants dû à leur manière d’apprendre.

Il est très dommage que ces jeunes, nos enfants, doivent face à des défis aussi difficiles ainsi qu’à un tel manque de compréhension de la part de leurs pairs et/ou de leurs aînés.D’autant plus qu’un trouble d’apprentissage n’affecte en aucun cas l’intelligence de celui qui en souffre. D’ailleurs, leur potentiel intellectuel est moyen ou même supérieur à la moyenne. Cependant, mes élèves arrivent ici et me disent qu’ils sont traités comme s’ils n’arrivaient à rien comprendre.

Évidemment, à cause de ma formation et de mon parcours, j’ai tendance à comparer les systèmes et il m’est fort difficile de contenir ma frustration lorsque je réalise à quel point nous sommes très loin d’être là où nous sommes censés être.

En Haïti, avoir un trouble d’apprentissage veut dire : être limité, être mal compris, ne pas pouvoir rentrer dans cette fameuse boîte invisible que possèdent toutes – sinon la majorité des institutions de chez nous, et bien sûr, ne pas pouvoir recevoir tout le support nécessaire.

Il est important de mentionner toutefois, que certaines écoles font bien leur possible avec les moyens du bord pour encadrer ces élèves particuliers. Néanmoins, ce n’est souvent pas assez malheureusement. Certains professeurs, quant à eux, essaient également de faire leur possible, encore là, ces derniers ne sont pas toujours supportés par la direction. Tout ceci contribue à accroître le désespoir des parents que nous rencontrons à La Ressource, car ils se sentent désemparés et se retrouvent sans ligne directrice face à une situation qui les dépasse beaucoup trop.

Nous avons besoin de conseil scolaire, de plan d’intervention individualisé, de la formation continue des enseignants, d’adaptation et surtout de volonté. Nous devons pouvoir procurer à chaque élève l’encadrement qu’il nécessite, quelle que soit sa difficulté, quelque soit son niveau afin que l’avenir de demain soit assuré. Après tout, les enfants, nos enfants, sont bien la relève de notre pays, non…?

Évolution d’un enfant: chose fragile!

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Lorsque je rencontre un parent pour la première fois, je lui pose plusieurs questions. Ces dernières me permettent d’avoir une idée du tempérament de mon futur élève, mais aussi de mieux comprendre d’où provient la difficulté dont il fait face.

Très souvent, je me retrouve face à des parents surpris de mes questionnements, qui parfois les ramènent aux premières années de la vie de leur enfant. Cependant, en maintes fois, ces questions m’ont permis de toucher à ce qui aurait causé la pente descendante sur laquelle il se trouve.

Tout commence à la grossesse, si durant cette période la mère vit des moments difficiles, le fœtus automatiquement les vit aussi. Ces derniers peuvent être du point de vue émotionnel ou physique (repos au lit, accident, séparation avec conjoint, etc.)

Autre point très important à considérer, c’est l’accouchement. Le moment où l’enfant vient au monde est une période cruciale. Un accouchement qui a été difficile peut éventuellement faire du tort à un enfant.

C’est sûr et certain, que si l’élève a eu des otites répétées, ou des problèmes de vision, que cela puisse aussi contribuer à quelque soit la difficulté à laquelle il fait face. Au fait, dès qu’un problème académique surgit, les oreilles et les yeux doivent être automatiquement vérifiés, pour s’assurer que ce n’est pas causé par une déficience à ce niveau.

De plus, des situations malheureuses comme un deuil ou un traumatisme peuvent affecter l’enfant périodiquement, ou encore sur une plus longue durée, si cela n’est pas pris en charge correctement.

Si un enfant est marginalisé socialement par ses pairs, ou s’il a une relation difficile avec ses parents ou ses frères et sœurs, ou même encore son professeur, cela peut ralentir son épanouissement.

Certaines fois, nous adultes, commettons l’erreur de penser que quelque chose d’insignifiant pour nous devrait aussi l’être pour nos enfants. Cependant, c’est l’erreur à ne pas commettre. Un fait aussi simple, comme un déménagement (non préparé), peut causer beaucoup de tort.

Nous avons la responsabilité de penser autrement, pour contribuer du mieux que nous pouvons, à la bonne évolution de nos enfants!

L’été arrive; Quoi faire?

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Nous savons tous qu’après les vacances de Pâques, les vacances d’été vont arriver à grands pas : les longues journées d’été, la chaleur, les vacances et surtout le temps libre. Je suis sûre qu’en tant que parent vous avez déjà commencé à vous poser la question, si elle n’est pas encore répondue : qu’est-ce qu’il va faire durant ces 3 mois de vacances?

Le bombardement des publicités des camps d’été va bientôt se faire sentir. Parfois, il y en a tellement, que l’on ne sait lequel choisir.

Permettez-moi de m’introduire dans votre préparation d’été.

Une chose à laquelle vous devez penser, c’est le profil de votre enfant, et la manière dont il a passé son année scolaire.

La recherche démontre qu’un enfant qui n’est pas en difficulté perd environ 10 à 20% de ce qu’il a appris durant son année scolaire. Imaginez alors celui qui s’est battu durant toute l’année.

Très souvent, les parents me disent, « mais les vacances sont importantes »,  « j’aimerais lui donner une pause ». Effectivement, il faut que l’enfant se repose, qu’il voie autre chose, qu’il s’amuse, mais il faut aussi le garder stimulé.

Pensez-y; votre enfant a eu de la difficulté avec ses tables de multiplication : 4×4=16, vous vous êtes acharnés à le faire étudier par cœur ce fameux 4×4=16! Il arrive à terminer son année en se rappelant sans aucun problème que 4×4=16. Maintenant, l’été arrive, il passe d’excellentes vacances, bien méritées, de très belles journées au camp d’été, à la plage, couronné par un beau voyage à Walt Disney.

Voilà déjà la rentrée, première semaine de classe, vous lui dites : « Mon grand, ou ma grande, tu te souviens de tes tables de multiplication? On y va! 4×4=? », et l’enfant avec un grand sourire anxieux vous répond : « 22? ». Il remarque le désarroi sur votre visage, et il vous dit : « Non, non! 19! ». Là, vous remarquez que vous devez tout recommencer, et lui, il devient frustré.

Donc, pour préparer septembre, il faut travailler un peu durant les vacances. Alors, il est fortement recommandé de faire des petites séances de stimulation durant l’été périodiquement. C’est une période idéale pour se rattraper, il n’y a pas la pression de l’école, les sessions peuvent avoir lieu de manière plus décontractée et à son rythme. Ces séances peuvent être concentrées sur un concept mal compris (la multiplication ou le pourcentage), un aspect difficile (l’organisation ou la mémoire de travail) ou vouloir le garder en haleine. Ceci doit être fait tout en permettant à votre enfant d’avoir de très belles vacances.