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Quoi dire à nos enfants?

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Vendredi 6 juillet, je sors de réunion à Pétion-Ville avec plusieurs appels manqués de mon mari et autres membres de la famille. Lorsque finalement on se parle il me mentionne que la situation est assez tendue dans les rues et de faire attention. Je décide d’emprunter la rue Panaméricaine qui était complètement bloquée, alors je rebrousse chemin pour aller passer par l’autoroute de Delmas. C’est à ce moment que mon mari me dit que la situation s’est aggravée que ce serait mieux de rentrer à Caribbean Supermarket. Je suis restée bloquer là jusqu’à samedi matin 3h45.

 

Ce soir-là, ma fille est restée avec la gouvernante de chez ma mère sans ses parents et ses grands-mères avec qui elle est très proche. Impuissante je me demandais comment qu’elle se sentait ou ce qu’elle pensait, surtout qu’elle n’a juste qu’un an.

 

Après avoir pris les rues ce soir-là et après avoir vu et entendu les dégâts sur les réseaux sociaux, je ne peux m’empêcher de me demander comment expliquer cette situation à nos enfants.

 

Comment expliquer à une fillette de 8 ans que son école de danse a été brulée? Comment expliquer à nos enfants que nous devons rester enfermer dans nos maisons pour peut-être plusieurs jours encore? Comment expliquer les bruits et commentaires entendus dans certains quartiers?

Comment expliquer cette anxiété vue sur le visage de leurs parents? Comment leur expliquer que les entreprises pour lesquelles ils ont travaillé dur sont parties enflammées?

 

En tant qu’éducatrice, je me dis qu’il ne faut rien leur cacher. Il faut leur expliquer en leur mot que nous vivons en tant que pays une situation très difficile. Une situation qui est due à un manque de communication et de compréhension. C’est pour cela que l’empathie, le respect de l’autre et l’acceptation sont des éléments importants pour la bonne évolution d’une société.

 

En tant que mère, je suis aussi perdue et angoissée que tous. Soyez prudents!

 

Nastassia Colimon

Enseignante spécialisée

Conseils pratiques sur les enfants et l’impulsivité

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Actuellement, on rencontre constamment des fillettes et garçonnets avec un haut niveau d’impulsivité associé à un déficit dans le contrôle des fonctions exécutives, se manifestant par des difficultés dans l’organisation, la planification ou l’exécution d’une tâche spécifique. Ainsi, à maintes reprises, l’impulsivité se manifeste comme une réponse à une mauvaise gestion émotionnelle (excès émotionnel soit être surexcité ou trop en colère).

À ce moment, il est important d’exposer à l’enfant qui n’a pas eu un bon comportement, une fois, qu’il existe des techniques ou solutions de rechange qu’il peut mettre en pratique à l’avance afin de prévoir les conséquences accompagnant ce qu’il veut faire.

En sachant que l’attention, la concentration et l’autocontrôle varient d’une personne à l’autre, il est important de comprendre qu’une difficulté à rester attentif ou un surplus d’énergie ne signifie pas que l’enfant est hyperactif ou présente un TDAH.

Voici donc quelques conseils pour vous aider à mieux gérer votre enfant et son impulsivité :

  1. Réponse à la nécessité de bouger: pour rester calme, l’enfant impulsif dépense beaucoup d’énergie dans la salle de classe. N’ayant donc pas satisfait ce besoin de bouger, il aura sans doute des répercussions sur ses capacités attentionnelles qui augmenteront son agressivité. Il faut donc, au quotidien, prévoir des activités où il pourra dépenser son énergie avant les moments où il doit rester calme (matins avant l’école, avant les repas, avant les devoirs, avant de se coucher, etc.). Aussi, il est important de lui procurer un objet lui occupant les mains ou les pieds pendant qu’il doit rester calme : balle antistress, élastique, pâte à modeler, lézard lourd, etc.
  2. Alimentation saine: on suggère de réduire la quantité d’aliments industriels, de consommer moins de sucre, de gras, de colorants et d’agents de conservation. Ainsi, il faut faire attention au petit-déjeuner : pas trop de sucre (ex : Nutella, jus), ajouter des protéines et des fibres. Aussi, vérifiez si ce dernier ne pourrait pas avoir des intolérances alimentaires (lactose, gluten, etc.). Une mauvaise digestion influence particulièrement l’attention et l’humeur. En dernier lieu, ajoutez des omégas 3 à son alimentation et vérifiez s’il y a lieu de carence en zinc ou en fer.
  3. Réduction de temps devant les écrans (télévision, ordinateur, tablette, etc.)
  4. Jeux de société : 30 minutes/jour suffisent. Ces activités sont excellentes pour l’entrainement par le plaisir, développer des capacités à attendre son tour, réfléchir et trouver des stratégies, inférer, anticiper des situations, gérer ses émotions, etc.);
  5. Apprentissage adapté: Puisque tous les enfants n’ont pas les mêmes besoins ni la même façon d’apprendre et d’encoder l’information, il faut utiliser trois types d’apprentissages : auditif/verbal (explication orale), visuel/concret (démonstration) et kinesthésique/expérientiel (mise en situation par le mouvement);
  6. Indulgence (pardonner) : les difficultés de concentration et la maitrise d’agitation sont souvent dures à contrôler pour l’enfant. Évitez de le culpabiliser (oublis, agitation et inattention), amenez-le à l’indulgence envers lui-même en accentuant sur le fait qu’il est en apprentissage (valorisation d’efforts et identifications de figures importantes qui oublient ou font des erreurs aussi). Soyez également indulgent envers vous-même, parent ou prof. Dieu seul sait combien il est difficile de garder patience avec un enfant distrait, qui bouge comme un ver, qui perd tout et s’emporte à la moindre frustration.

Marie-Nicka Petit-Frère 

Intervenante pédagogique/Psychologue, La Ressource

Vivre avec un trouble d’apprentissage en Haïti

La Ressource- Troubles d'apprentissage

Je me rappelle comme si c’était hier du moment où j’ai pris la décision de retourner vivre ici après 8 ans au Canada. Je me souviens de l’enthousiasme, de la peur du changement, de ma conviction, mais ce dont je me rappelle le plus c’est la réaction des gens. 

Ma famille m’a procuré un support inconditionnel, mais c’est plutôt les autres qui n’arrêtaient pas de me demander : « pourquoi? », « qu’est-ce que tu vas faire? », « dans le domaine de l’éducation, comment vas-tu t’y prendre? », etc. De plus, lorsque je mentionnais que ma spécialité était dans les troubles d’apprentissage et les troubles d’attention, ils avaient l’air encore plus perplexes.

Dès mon arrivée, j’ai tout de suite compris pourquoi ces gens réagissaient de la sorte. J’ai mené une étude du marché, j’ai rencontré plusieurs directeurs d’écoles, des enseignants et des professionnels de toute sorte (médecins, psychologues, etc.) et la réaction de ces derniers était toujours la même : on en a besoin! Cependant, à quel prix?

Malgré cette inquiétude liée au coût des services que témoignaient plusieurs, nous devons tout de même admettre que l’accueil reçu par La Ressource dès l’inauguration a été prompt et chaleureux. En effet, nous avons été accueillis à bras ouverts par des directeurs de plusieurs écoles, des professeurs, des professionnels de domaines connexes, mais surtout par les parents. Ces derniers se présentaient à La Ressource, anxieux, désemparés et très souvent en larmes. Ce n’était pas seulement parce que leur enfant – soit leur bien le plus cher – nécessitait d’un encadrement et d’un suivi plus spécialisés, mais c’était aussi et surtout à cause de ces mots blessants et de cette injustice criante auxquels font face chaque jour leurs enfants dû à leur manière d’apprendre.

Il est très dommage que ces jeunes, nos enfants, doivent face à des défis aussi difficiles ainsi qu’à un tel manque de compréhension de la part de leurs pairs et/ou de leurs aînés.D’autant plus qu’un trouble d’apprentissage n’affecte en aucun cas l’intelligence de celui qui en souffre. D’ailleurs, leur potentiel intellectuel est moyen ou même supérieur à la moyenne. Cependant, mes élèves arrivent ici et me disent qu’ils sont traités comme s’ils n’arrivaient à rien comprendre.

Évidemment, à cause de ma formation et de mon parcours, j’ai tendance à comparer les systèmes et il m’est fort difficile de contenir ma frustration lorsque je réalise à quel point nous sommes très loin d’être là où nous sommes censés être.

En Haïti, avoir un trouble d’apprentissage veut dire : être limité, être mal compris, ne pas pouvoir rentrer dans cette fameuse boîte invisible que possèdent toutes – sinon la majorité des institutions de chez nous, et bien sûr, ne pas pouvoir recevoir tout le support nécessaire.

Il est important de mentionner toutefois, que certaines écoles font bien leur possible avec les moyens du bord pour encadrer ces élèves particuliers. Néanmoins, ce n’est souvent pas assez malheureusement. Certains professeurs, quant à eux, essaient également de faire leur possible, encore là, ces derniers ne sont pas toujours supportés par la direction. Tout ceci contribue à accroître le désespoir des parents que nous rencontrons à La Ressource, car ils se sentent désemparés et se retrouvent sans ligne directrice face à une situation qui les dépasse beaucoup trop.

Nous avons besoin de conseil scolaire, de plan d’intervention individualisé, de la formation continue des enseignants, d’adaptation et surtout de volonté. Nous devons pouvoir procurer à chaque élève l’encadrement qu’il nécessite, quelle que soit sa difficulté, quelque soit son niveau afin que l’avenir de demain soit assuré. Après tout, les enfants, nos enfants, sont bien la relève de notre pays, non…?