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Rentrée scolaire:une grande gestion pour les enseignants!

rentrée des classes

Nous sommes en pleine rentrée et l’anxiété se fait ressentir à tous les niveaux. Pour les nouveaux écoliers de la grande école, pour les petits bambins qui commencent le préscolaire et pour nos jeunes adolescents qui commencent le secondaire, la rentrée scolaire n’est pas sans défis.Cependant, on a tendance à souvent oublier les adultes dans toute cette nouvelle routine. Les parents et les enseignants ont aussi leur part d’anxiété à cette période ci de l’année.

 

Pour les enseignants, la rentrée scolaire commence bien avant l’arrivée de leurs élèves. Ils doivent rencontrer la direction et élaborer le plan de l’année, préparer leur salle de classe et aussi prendre connaissance des dossiers de leurs nouveaux élèves.

 

Un enseignant doit aussi s’assurer que ses plans de leçons respectent le programme du ministère de l’éducation nationale mais aussi les exigences de l’école. Certains se retrouvent à enseigner une même classe pendant plusieurs années et par conséquent doivent changer certaines leçons, puisqu’ils ont eu la chance d’expérimenter durant les années précédentes ce qui a fonctionné et ce qui devrait être changé.

 

Sans oublier, nos professeurs se retrouvent avec des cas particuliers dans leur classe, rendant leurs taches plus difficiles. Ils doivent donc se préparer à recevoir cet élève et à tenter d’élaborer un plan pour l’encadrer le plus que possible.

 

La majorité des enseignants en Haïti se préparent à recevoir plus de 40 élèves dans leur classe. Cet enseignant doit pouvoir se préparer mentalement (oui ceci demande une préparation mentale) mais aussi pédagogiquement pour tenter le plus que possible d’amener tout un chacun à la réussite. Ceci est un très grand défi! Imaginez-vous pour une seconde, devoir gérer 40 enfants différents, avec des niveaux qui ne sont pas les mêmes, des manières de s’exprimer différentes, ceux qui ont des lacunes, ceux qui sont plus avancés, ceux qui ont peut-être différents troubles d’apprentissage, d’attention et/ou de comportement et aussi ceux qui ont des problèmes de discipline. Pour ces enseignants, ils doivent chaque jour s’armer de beaucoup plus de patience et d’amour pour faire face à leur salle de classe.

 

Un autre point important à soulever pour nos enseignants qui préparent leur rentrée des classes, c’est qu’eux aussi dans la majorité des cas ont des enfants. Alors, la préparation de la rentrée des classes, se fait doublement pour eux. Ceci n’est pas sans défis, sachant très bien le salaire de nos enseignants et à quel point que la situation de notre pays est complexe.

 

Je veux faire ma révérence à tous nos enseignants qui malgré toutes les difficultés qu’ils rencontrent au quotidien qui arrivent à former nos enfants avec passion! Je ne cesserai jamais de vous remercier pour votre travail! Sachez que vous êtes appréciés! Bonne rentrée!

 

Être intervenante pédagogique en Haïti

intervenante-pédagogique-La Ressource

« Mon enfant a un problème d’attention,
il ne peut pas se concentrer. Du coup, il ne
comprend pas ce qu’on fait en classe »

« À son âge, il n’a pas encore acquis
cette habileté, cela m’inquiète »

Nous entendons fort souvent ces propos de parents inquiets, désemparés, car leur enfant est différent des autres. Certains d’entre eux ont même un diagnostic d’un TDA/H ou d’un trouble d’apprentissage.

Dès lors, plusieurs questions leur viennent à l’esprit : que faire après avoir reçu un tel diagnostic? À quels professionnels s’adresser? Comment peut-on aider l’enfant à évoluer positivement dans son processus d’apprentissage?

Comme tout défi au niveau cognitif, les troubles de l’apprentissage nécessitent une thérapie précise. Une prise en charge particulièrement complexe et surtout plus intégrale qui se dessine en trois étapes : la psychothérapie — travaillant le côté émotionnel et relationnel -, le suivi pédagogique et le recours à l’aide médicale.

À chaque étape, intervient un professionnel particulier. La première nécessitant l’intervention d’un psychothérapeute, la deuxième, celle d’une intervenante pédagogique et la troisième, celle d’un psychiatre ou d’un neurologue.

De ces trois professionnels, le domaine d’intervention pédagogique est peu connu en Haïti alors que les besoins en matière d’accompagnement et de suivi pédagogique pour les sujets en difficulté sont grands et même urgents.

Voulant contribuer à la vulgarisation de ce domaine, notre propos se portera sur la prise en charge pédagogique.

Le travail de l’intervenante pédagogique consiste à apporter une aide individualisée aux enfants ayant un TDA/H ou un TA en leur offrant des programmes adaptés capables de pallier à leurs difficultés. En utilisant de nombreuses stratégies, ces professionnels veillent à ce que la rééducation des habiletés non acquises soit faite et que l’enfant acquière de l’autonomie.

En Haïti, vu les préjugés liés aux troubles, le travail de l’intervenante pédagogique est loin d’être aisé. Nous en faisons l’expérience tous les jours. En effet, en arrivant dans notre bureau, les enfants ont souvent une faible estime de soi, un manque de confiance en leurs capacités, conséquence fâcheuse de la manière dont on les perçoit.

Aussi, faut-il souligner que ce travail requiert une formation en psychologie ou en éducation spécialisée, mais aussi des aptitudes personnelles.

Être intervenante pédagogique en Haïti, c’est être empathique : c’est essayer de comprendre le vécu quotidien et les frustrations de chaque enfant, comprendre qu’une journée difficile à l’école peut influencer défavorablement la motivation de l’enfant lors d’une séance de travail.

C’est aussi être capable d’apporter du soutien nécessaire quand les ressources de l’enfant sont insuffisantes, l’encadrer, le motiver tout en respectant sa singularité. C’est aussi être patient, cela implique le respect du rythme de chaque enfant.

Être intervenante pédagogique en Haïti, c’est une façon de dire « non » aux multiples discriminations que subissent nos enfants vivant avec un TDA/H ou un TA, c’est aussi un message symbolique disant que ces enfants ont un potentiel intellectuel qui doit être développé et nous sommes parmi ceux qui croient que la différence ne peut être en aucun cas source de raillerie, d’avanie et de marginalisation.

En Haïti, être intervenante pédagogique c’est militer pour inciter les pouvoirs publics à mettre en place des plans d’action pour une meilleure prise en charge. En effet, l’influence de l’État est quasiment absente, il n’existe aucun texte de loi sur la prise en charge des troubles ni sur la reconnaissance des droits des sujets atteints.

Alors, il est important que les parents, les enseignants et les professionnels puissent travailler en étroite collaboration facilitant ainsi la circulation des informations les plus précises possible sur la vie et les défis des enfants afin qu’ils puissent profiter au maximum des services et progresser au mieux.

Darline Medna

Intervenante pédagogique, La Ressource

Vivre avec un trouble d’apprentissage en Haïti

La Ressource- Troubles d'apprentissage

Je me rappelle comme si c’était hier du moment où j’ai pris la décision de retourner vivre ici après 8 ans au Canada. Je me souviens de l’enthousiasme, de la peur du changement, de ma conviction, mais ce dont je me rappelle le plus c’est la réaction des gens. 

Ma famille m’a procuré un support inconditionnel, mais c’est plutôt les autres qui n’arrêtaient pas de me demander : « pourquoi? », « qu’est-ce que tu vas faire? », « dans le domaine de l’éducation, comment vas-tu t’y prendre? », etc. De plus, lorsque je mentionnais que ma spécialité était dans les troubles d’apprentissage et les troubles d’attention, ils avaient l’air encore plus perplexes.

Dès mon arrivée, j’ai tout de suite compris pourquoi ces gens réagissaient de la sorte. J’ai mené une étude du marché, j’ai rencontré plusieurs directeurs d’écoles, des enseignants et des professionnels de toute sorte (médecins, psychologues, etc.) et la réaction de ces derniers était toujours la même : on en a besoin! Cependant, à quel prix?

Malgré cette inquiétude liée au coût des services que témoignaient plusieurs, nous devons tout de même admettre que l’accueil reçu par La Ressource dès l’inauguration a été prompt et chaleureux. En effet, nous avons été accueillis à bras ouverts par des directeurs de plusieurs écoles, des professeurs, des professionnels de domaines connexes, mais surtout par les parents. Ces derniers se présentaient à La Ressource, anxieux, désemparés et très souvent en larmes. Ce n’était pas seulement parce que leur enfant – soit leur bien le plus cher – nécessitait d’un encadrement et d’un suivi plus spécialisés, mais c’était aussi et surtout à cause de ces mots blessants et de cette injustice criante auxquels font face chaque jour leurs enfants dû à leur manière d’apprendre.

Il est très dommage que ces jeunes, nos enfants, doivent face à des défis aussi difficiles ainsi qu’à un tel manque de compréhension de la part de leurs pairs et/ou de leurs aînés.D’autant plus qu’un trouble d’apprentissage n’affecte en aucun cas l’intelligence de celui qui en souffre. D’ailleurs, leur potentiel intellectuel est moyen ou même supérieur à la moyenne. Cependant, mes élèves arrivent ici et me disent qu’ils sont traités comme s’ils n’arrivaient à rien comprendre.

Évidemment, à cause de ma formation et de mon parcours, j’ai tendance à comparer les systèmes et il m’est fort difficile de contenir ma frustration lorsque je réalise à quel point nous sommes très loin d’être là où nous sommes censés être.

En Haïti, avoir un trouble d’apprentissage veut dire : être limité, être mal compris, ne pas pouvoir rentrer dans cette fameuse boîte invisible que possèdent toutes – sinon la majorité des institutions de chez nous, et bien sûr, ne pas pouvoir recevoir tout le support nécessaire.

Il est important de mentionner toutefois, que certaines écoles font bien leur possible avec les moyens du bord pour encadrer ces élèves particuliers. Néanmoins, ce n’est souvent pas assez malheureusement. Certains professeurs, quant à eux, essaient également de faire leur possible, encore là, ces derniers ne sont pas toujours supportés par la direction. Tout ceci contribue à accroître le désespoir des parents que nous rencontrons à La Ressource, car ils se sentent désemparés et se retrouvent sans ligne directrice face à une situation qui les dépasse beaucoup trop.

Nous avons besoin de conseil scolaire, de plan d’intervention individualisé, de la formation continue des enseignants, d’adaptation et surtout de volonté. Nous devons pouvoir procurer à chaque élève l’encadrement qu’il nécessite, quelle que soit sa difficulté, quelque soit son niveau afin que l’avenir de demain soit assuré. Après tout, les enfants, nos enfants, sont bien la relève de notre pays, non…?